!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!Ce!document!est!sous!licence!Creative!Commons!Attribution3NonCommercial3ShareAlike!4.0!International!License!J.S. BACH6 Sonates & Partitaspour Violon SeulÉdition Pédagogique avec les indications techniques et commentaires de Georges Enesco recueillis et développés par Serge Blanc.Durant les années d’enseignement qu’il a reçu de son maître Georges Enesco, Serge Blanc a rassemblé et annoté les indications violonistiques et techniques d’interprétation pour ce qu’Enesco appelait «l’Himalaya des violonistes»: les Sonates & Partitas pour Violon Seul de Jean-Sébastien Bach.Ce document exceptionnel rassemble ces indications commentées, avec sonorités, phrasés, tempi, musicalité, doigtés, expressions, aboutissement du travail de toute une vie du maître, considéré comme l’un des meilleurs interprètes de cette œuvre. Après les avoir enseignés lui-même pendant plus d’un demi-siècle à ses propres élèves, Serge Blanc a souhaité les transmettre aux futures générations de violonistes. Le présent document, ainsi que des enregistrements de Serge Blanc avec Enesco sont disponibles en libre accès sur www.sergeblanc.comPRÉFACE...................................................................................................3SONATE I (BWV 1001)...............................................................................5PARTITA I (BWV 1002).............................................................................18SONATE II (BWV 1003)............................................................................31PARTITA II (BWV 1004)...........................................................................42SONATE III (BWV 1005)..........................................................................62PARTITA III (BWV 1006)........................................................................77CONCLUSION.........................................................................................893PréfaceIl est de notoriété publique que les Sonates & Suites pour Violon Solo de J.S. Bach étaient le pain quotidien de Georges Enesco, comme pour tout musicien en ayant reconnu la valeur et la nécessité indispensable à sa culture.Il considérait ces chefs-d’œuvre comme « l’Himalaya des violonistes », dont il était l’un des plus grands du XXème siècle !Il les étudia et les enseigna toute sa vie, à la fois en tant que grand interprète avec sa réflexion sur tous les problèmes techniques que présentent ces œuvres particulièrement difficiles, mais aussi et surtout du point de vue du génial compositeur qu’il était, comprenant ainsi ce qu’elles exprimaient de la part du plus grand musicien de tous les temps : J.S. Bach !Il s’agissait avant tout pour Georges Enesco de transmettre aux nouvelles générations le résultat très riche de ses recherches artistiques, culturelles et techniques qu’il avait accomplies et prouvées par son propre exemple au cours de sa magnifique carrière de violoniste à côté de celle qui lui importait le plus, celle de compositeur.Lorsque Georges Enesco, de retour en France en 1947, décida de redonner des cours, j’ai eu la chance de les suivre pendant cinq ans, à l’issue desquels il m’offrit l’exceptionnelle occasion de donner un récital de Sonates avec lui au piano ! Ce fut la chance de ma vie…Mais durant ces cinq années, j’avais recueilli un maximum de son enseignement, en particulier concernant ce qu’il considérait comme essentiel dans la culture musicale : J.S. Bach !Je n’imaginais pas encore à ce moment que le trésor qu’il m’avait transmis, ainsi qu’à tous ses élèves (qu’il nommait sans fausse modestie ses « collègues »!), me servirait toute ma vie de musicien… car ce n’est qu’avec l’expérience que l’on comprend ce que contiennent ces œuvres indispensables à la culture de tout musicien jouant d’un instrument à cordes (violon, alto ou violoncelle).Ce n’est pas un hasard si tous les grands artistes jouant ces instruments ont passé leur vie à les étudier, les jouer durant leur carrière, les enregistrer… voire les rééditer à leur idée. Or, si Georges Enesco les a beaucoup jouées, enseignées et enregistrées… il n’existe malheureusement pas d’édition révélant ses indications précises et les commentaires qu’il en faisait abondamment !4Il faut savoir quelles étaient ses difficultés d’existence à l’époque où, ayant dépassé la soixantaine d’années et atteint d’une grave maladie de la colonne vertébrale, il avait perdu à la fois tous ses biens et sa patrie adorée : la Roumanie !Pendant les 55 années qui suivirent, j’ai continué ma réflexion sur les fruits précieux de l’enseignement que j’avais reçu de ce très grand maître, apprenant à transmettre à mon tour ce que j’en avais reçu, distribuant à chacun de mes élèves les indications qu’il m’avait généreusement données, afin de les aider à les comprendre et les interpréter.Sonorité adéquate, phrasé, musicalité traduite de manière artistique ou intimement expressive, sont le résultat obtenu grâce à la stricte application des indications et commentaires recueillis par une patience et une volonté acharnées !Concernant par exemple les tempi conseillés par Enesco et indiqués au début de chaque pièce dans cette édition, ceux-ci ont été établis par lui en fonction de l’indication donnée par la main de J.S. Bach.Cette seule indication est essentielle… mais ne figure dans aucune édition. Or, lorsqu’un jeune élève (ou même professeur !) aborde ces œuvres pour la première fois, il ne peut en avoir la science infuse… Seule l’expérience ultérieure lui permettra éventuellement d’apporter sa propre interprétation et ses modifications personnelles, en ayant d’abord compris les bases essentielles grâce à des références éprouvées.C’est ce qui justifie le titre Édition Pédagogique que j’ai choisi, en fonction du précieux héritage reçu par Georges Enesco ! Serge Blanc5Sonata IBWV 10016Sonata IBWV 1001ADAGIO (Prélude)Imaginer le portail d’une cathédraleDe toute évidence l’esprit et l’âme de Georges Enesco étaient stimulés par toute une imagerie poétique, qui animait son génie musical… Voir notamment ses Impressions d’Enfance écrites en pleine maturité.Sa fréquentation assidue des Sonates et Suites de J.S. Bach, durant toute sa vie de musicien/créateur/interprète et pédagogue, en subit donc l’eff et permanent et chaque pièce précieuse de ce monument de l’esprit humain évoquait pour lui une vision poétique précise, qui marquait profondément son interprétation personnelle et donc son enseignement. Je ne puis oublier l’eff et particulier qui marquait son visage et sa démonstration musicale au piano, lorsqu’il voulait communiquer telle ou telle interprétation.Celle de ce premier Adagio ouvrant, tel un majestueux portail de Cathédrale, ce fabuleux trésor de l’esprit humain que sont ces Sonates et Suites qui vont suivre, fut particulièrement marquante.Chaque fois qu’il m’arrive de passer devant ce majestueux portail de Notre-Dame de Paris, la même émotion me saisit à la gorge que lorsqu’il m’arrive d’interpréter cette œuvre sacrée… ou de l’enseigner à mon tour!7Techniquement parlant, cela se traduit par l’ampleur et la recherche d’une beauté de la sonorité, permises par l’utilisation d’une grande longueur d’archet et l’observation des indications d’Enesco en ce sens.Je pense sincèrement que cette puissance d’évocation marquait surtout la personnalité de Georges Enesco et que ses élèves aimaient à s’en laisser imprégner.Ils sentaient que leur vie artistique en serait conditionnée de manière très profondément enrichie.Nous n’avions plus qu’à nous laisser porter par le souvenir inoubliable, pour effectuer ensuite les années de travail que nous n’aurions de cesse d’accomplir, pour nous élever le plus près possible de ce niveau.Concernant cette première œuvre, il faut avant tout en respecter très précisément les contours rythmiques si nettement exprimés de la main de ce demi-dieu qu’était son auteur.On parle communément d’une improvisation écrite… c’est le cas. Mais c’est celle de J.S. Bach et non de n’importe quel interprète qui ose s’en emparer.Si l’on observe attentivement les détails de ses rythmes précis à la quintuple-croche près, on doit reconnaître qu’on n’a pas plus le droit d’en changer la valeur qu’on oserait toucher au détail d’un Rembrandt ou d’un Michel Ange que l’on se contente de regarder…Mais une œuvre musicale doit aussi subir la manipulation particulière de chaque interprète, faute de rester à l’état de manuscrit… C’est là qu’intervient la personnalité plus ou moins cultivée et respectueusement intelligente de chaque artiste osant s’en approcher.Il faut donc commencer par essayer de comprendre chaque détail exprimé par l’auteur et ne pas ménager sa peine ni son temps pour en trouver l’exacte expression.Cela demande toute la vie, mais quel enrichissement pour celui qui en entrevoit la beauté infinie.Next >